Logo-Targe-Header

Comment faire la promotion de la prévention dans votre entreprise.

5 mars 2018

C’est triste à dire, mais dans le contexte actuel la santé et sécurité au travail (SST) tend à disparaître de l’écran radar des priorités dans certaines entreprises.  En effet, les restructurations, les réorganisations, les fusions et les acquisitions, la rareté de la main d’œuvre et toutes sortes d’autres facteurs font en sorte que les priorités et les distractions s’accumulent.

Dans de telles circonstances, il n’est pas surprenant que, à moins d’un problème majeur en SST, l’attention soit concentrée sur les priorités ou les problèmes les plus criants.  Pourtant ce n’est pas parce qu’aucun accident ne survient qu’on est pour autant à l’abri ou que tout est sous contrôle.  Alors comment faire en sorte de garder un sain niveau de vigilance en SST?  Comme entreprise, comment éviter le piège de l’inattention qui ouvre la porte à un problème majeur?

Un peu de « marketing »

Le domaine du marketing nous fournit quelques éléments de réponses à ces questions.  Il s’agit, en quelque sorte, de bien « vendre » la prévention.  Ainsi, dans un premier temps, la première chose à faire quand on veut faire la promotion d’un produit, c’est de bien en définir les caractéristiques.  Alors, quelles sont les caractéristiques de la prévention qui peuvent la rendre attrayante pour tout le monde dans l’entreprise?  Examinons-en quelques-unes :

  • Les accidents de travail et les maladies professionnelles coutent cher : les couts totaux sont estimés à environ 3 à 5 fois le montant de la facture de la CNESST; par contre, plusieurs études rapportent que chaque 1$ investi en prévention en rapporte entre 2,20$ et 7$,
  • Les coûts humains sont difficiles à quantifier précisément, mais ils sont énormes : souffrance des travailleurs, augmentation du taux de roulement de la main d’œuvre, insatisfaction, grief, etc.  À l’inverse, la rentabilité humaine de la prévention n’est plus à démontrer : diminution de la souffrance des personnes, bien sûr, mais aussi du roulement, de l’insatisfaction et des griefs, amélioration du climat, rétention de la main d’œuvre qualifiée, meilleur climat, meilleur moral dans l’entreprise, et ainsi de suite.
  • C’est sans compter un certain nombre de bénéfices marginaux non négligeables : diminution des arrêts incontrôlés de production, amélioration du volume et de la qualité de la production, protection contre des enjeux d’affaires tels que l’atteinte à la réputation de l’entreprise ou la responsabilité criminelle ou pénale en cas d’accident, entre autres.

Vu sous cet angle, il semblerait bien que tout le monde dans l’entreprise y trouve son compte.

Alors pourquoi la SST n’est-elle pas une aussi grande priorité qu’elle le devrait?  

L’expérience démontre que les principaux avantages de la prévention sont encore mal connus, malheureusement.  C’est donc dire qu’il faut en faire la promotion. Encore ici on peut s’inspirer des trucs inhérents aux stratégies de marketing.  Une fois les caractéristiques du produit bien identifiées, il faut ensuite décider auprès de qui il faut en faire la promotion.  Les experts en marketing nous disent que chaque segment de la population-cible a sa propre réalité, ses propres sensibilités et besoins; donc les arguments pour rejoindre une catégorie de personnes ne sont pas nécessairement les mêmes que pour une autre catégorie.Dans le cas de la prévention, il y a deux cibles auprès de qui en faire la promotion : la direction, et les employés.  Les arguments à utiliser auprès de chaque catégorie sont légèrement différents.  Examinons-les tour à tour.

Promouvoir auprès de la direction

Malheureusement encore aujourd’hui la prévention est vue comme une dépense plutôt que comme un investissement.  Il faut donc réussir à démontrer la rentabilité de la prévention.  Dans ce contexte il s’avère utile d’avoir une démarche rigoureuse basée sur les étapes suivantes :

  • Il faut d’abord avoir une idée bien précise des risques auxquels nous sommes confrontés; on ne soulignera jamais assez l’importance d’un diagnostic juste et précis d’une problématique.  Albert Einstein a déjà dit que si on lui donnait une heure pour sauver le monde il prendrait les 59 premières minutes pour bien formuler le problème, et que la solution apparaîtrait facilement.  On doit donc se poser des questions telles que : Qui est exposé?  À quelle fréquence?  À quelle intensité?  Dans quelles circonstances?  Pourquoi dans ces circonstances-là et pas dans d’autres?  Quel est le facteur de risque bien précis?  Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on réussisse à cerner la source du problème avec précision.
  • Une fois le problème bien posé, il faut se rappeler que la meilleure solution n’est pas nécessairement la première qui vient à l’esprit, ni la plus coûteuse.  Il faut donc se forcer à envisager diverses approches, diverses façons de résoudre le problème.  Une fois qu’on a un éventail de possibilités, la meilleure solution, c’est celle qui a le meilleur rapport qualité/prix.  La qualité de la solution se définit selon quatre (4) critères :
  1. Son efficacité préventive; évidemment la plus grande efficacité préventive vient de l’élimination à la source même du danger;
  2. Les « bénéfices marginaux » de la solution; si, en plus de régler le problème de SST, elle a également des impacts positifs sur le volume ou la qualité de production, par exemple, on met toutes les chances de notre côté pour que la solution soit adoptée;
  3. Sa faisabilité; les solutions trop compliquées risquent de mourir d’essoufflement ou de se perdre en chemin;
  4. Sa stabilité (durabilité, pérennité); les solutions temporaires ont le désavantage de se dégrader avec le temps, de sorte qu’à plus ou moins court terme on se retrouve avec le même problème à résoudre.

Quand on identifie (et c’est le cas dans la très grande majorité des cas) une solution qui cote bien sur ces quatre (3) critères, on vient en quelque sorte d’établir son « business case ».  On constate souvent que cette solution n’est pas la plus coûteuse de toutes celles qui ont été envisagées.  Et même si cette solution exige une certaine dépense, elle est alors perçue comme tellement avantageuse qu’elle est désormais considérée comme un investissement plutôt que comme une dépense. L’accumulation de telles solutions avantageuses présente au moins trois avantages : 1) bien sûr ça rend la prévention efficace, 2) ça établit notre crédibilité auprès de la direction, et 3) ça réussit la démonstration de la rentabilité de la prévention.

Promouvoir auprès des employés

Évidemment on n’a pas à convaincre les employés des effets négatifs des accidents et des maladies; en bout de ligne ce sont eux qui souffrent en cas de problème.  Par contre, pour prévenir ces problèmes, leur implication active est indispensable.

Les entreprises à succès en SST obtiennent des résultats remarquables par l’intégration de la SST à leur culture organisationnelle, ce que certains appellent « créer une culture de sécurité ».  C’est par le volet SST de sa culture organisationnelle qu’une entreprise établie auprès de tout son personnel quels sont ses standards dans ce domaine, quels sont les comportements acceptables et quels sont les comportements indésirables.  C’est aussi cette culture qui sert à inculquer les bonnes valeurs aux nouveaux employés dès le moment de leur embauche.  Et cette culture, on l’atteint par l’implication active des employés.

Or quand on demande aux employés s’ils désirent s’impliquer en SST, les réponses positives sont plutôt rares.  Ils tendent à voir cette implication comme des efforts additionnels, peu productifs en résultats mais exigeants en temps.  Par contre, si on leur demande de nous donner un coup de main pour résoudre un problème de sécurité qui les menace ou qui leur cause des difficultés au quotidien, le plus souvent les réponses sont positives. Longtemps on a cherché toutes sortes de moyens pour mousser la motivation des employés, en se disant que, une fois bien motivés, ils s'impliquent en prévention.  L’expérience démontre qu’on s’y prenait à l’envers.  En effet, quand on réussit à obtenir leur implication de la façon décrite ci-dessus, on constate qu’ils y prennent goût, qu’ils deviennent motivés et qu’ils hésitent de moins en moins à s’impliquer.

Finalement, il est évident que la prévention constitue une solution « gagnant-gagnant ».  La direction y trouve des solutions à certains de ses enjeux d’affaires tout en démontrant à ses employés qu’elle se soucie de leur bien être.  Pour ce qui est des employés, non seulement sont-ils alors protégés contre les risques d’accidents ou de maladies, mais ils y trouvent également une source de motivations dans leur travail.  Alors, qu’est-ce qu’on attend pour s’y mettre?

Articles qui peuvent vous intéressez

Comment augmenter l’efficacité de votre brigade d’intervention d’urgence

LES BÉNÉFICES D’UNE BRIGADE BIEN GÉRÉE Lorsqu’une brigade industrielle est bien gérée, elle permet de faire des gains en productivité en réduisant le temps des arrêts de production. Une brigade industrielle est un investissement. Par exemple, un de nos clients a déjà réussi à diminuer sa prime d’assurance de 800 000 $ par an en […]
Voir plus

Les 8 actualités qui ont attiré notre attention au mois d'octobre 2020

1- Projet de loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail – Le ministre Jean Boulet dépose un projet de loi visant à réformer le régime de santé et de sécurité du travail La prévention des risques en milieu de travail est le cœur de cette modernisation. 2-Le Bureau d’audiences publiques sur […]
Voir plus

Les 3 causes d'accidents en hauteur

Lorsqu’un accident en hauteur survient, les causes viennent se classer dans l’une des trois catégories suivantes... 
Voir plus
crossmenu